Chien de paille Références Lyrics

Je poursuis ma route ; je rêve que "je" ne s'éloigne pas trop de "nous". Je témoigne du parcours d'un môme plutôt calme. Je viens d'où je ferai jamais couleur locale. Le temps court mais c'est la même douleur morale. Je viens de là d'où on est fier d'un rien parce que c'est tout ce qu'on a. Je viens du souvenir de ceux contraints de fuir leurs terres de leurs deux mille ans d'histoire, des visages de ces autres qui n'ont pu suivre. Je viens de l'enfer de l'exil qu'ils souffrent comme souffrirent nos pères, pour qu'on puisse vivre libre ici, de leur espoir de revenir à terme, aussi mince soit-il, ils se signent. Je viens de la foi qu'ils retrouvent, ôtant leur chapeau devant le drapeau de ce pays, pendant que leur sort se pérennise sur le sol d'une église. Amnésique, je viens de ce million qui rit de ce million qui est en face, de ces deux millions de rires qui n'empêchent que devant la glace, on se retrouve seul. Je viens d'où tant de cous', qu'il vente ou pleuve, courent tous tant qu'ils peuvent, puis, haletants, croulent sous les feux du parcours durant l'épreuve. Je viens d'où il fait bon être deux. Je viens de nos vœux fébriles, épris de légendes, de nos rêves de roses sans épine, de mots sans les pires, de noces sans le dire, de gosses et d'idylles que font des milliers de gens. Je viens de ce qu'on pouvait pas enfouir, de ce qu'on voulait croire enfuit de mon point de vue, je songe. On veut que j'oublie mais la crasse des coins de rues ronge. Je viens d'où des gens perdus plongent parce que le partage n'est plus de nos vertus.

Je viens d'où on se fait autant de potes qu'y a de mots dans la presse du matin. On n'a rien de commun mais on se sent moins con quand on en rencontre plein, quand on étreint quelqu'un même s'il n'est rien qu'une ombre. Qu'on est dans les calepins quitte à n'être qu'un nom, parce que pour les uns, d'entre tous, on n'est rien qu'un autre. Je viens d'où on fait "comme si" et à force, ça pèse plus tellement, d'où on se regarde pas dans les yeux de peur d'y voir nos raisons. C'est comme ça qu'on se dupe mutuellement. Je viens de ce monde se cherchant, la main sur le missel, soufflant le vent sous les ailes de quelques bonnes fortunes. Le doute les accable mais tous les acclament, les portent aux nues. Je viens du monde que ces cons dessinent au gré de leurs plumes, jouant sous la table. Je viens d'où la noblesse du premier rôle n'est que de la fable, d'où on donne à celui qui a, d'où on vole celui qui rame. Je viens d'où l'espoir de voir la morale sauve est à ras le sol. Je viens d'où tout se précipite, d'entre ces cris et pire dont on distingue qui est qui. Je viens de ceux qui résistent, souvent trop humains pour ça et ne cherchent pas de plébiscites. Les poches vides, je viens d'où on jubile devant des vitrines dont on se sait les cibles. Personne n'y pense mais je crois qu'on se perd ici. Je viens d'où les regards rabaissent, du goût que ça laisse. Les différences se paient ainsi. Je viens d'entre l'amour des nôtres, d'entre ces feuilles de fautes qui s'étendent en masse. Je viens de l'attente lasse, regarde, je viens de l'appart' d'en face.

Dans la rage de celui qui a faim, du sang sur les mains, tu me trouveras. Pour que l'histoire vive quand s'éteint la voix des anciens, je serai toujours là. Tant que le regard des gamins se videra de l'espoir du lendemain, je serai dans le coin tant qu'un repas ou un bain coûteront combats et défunts. Dans chaque voix portant contre nos lettres mortes, tu me trouveras. Dans chaque voix portant contre nos lettres mortes...

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